Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/239

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un compagnon de peines et de travaux que le hasard m’avait donné dans la personne d’un jeune enfant de treize ans, nommé Antonio, Le père d’Antonio pauvre muletier comme moi, et mon ami, s’était tué, il y avait alors de cela deux ans, en tombant la nuit dans un précipice. Rapporté, le corps sanglant et brisé, par des gardeurs de chèvres, dans ma pauvre chaumière, il n’avait pas tardé à rendre le dernier soupir entre mes bras. Sa dernière parole avait été pour me recommander son fils Antonio, alors âgé de onze ans, et pour lequel je lui promis, en pleurant, que je serais toujours un père. Je n’ignorais point, en faisant cette promesse à mon ami mourant, la grave responsabilité que j’acceptais, mais j’étais bien déterminé à ne pas reculer devant mon devoir et à faire honneur à ma parole. J’en serai quitte pour manger un peu moins et pour travailler encore davantage, me dis-je en moi-même, et puis, à quoi bon m’inquiéter ? Dieu, qui voit mes bonnes intentions et le désir que j’ai d’être