Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/240

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utile, Dieu ne m’abandonnera pas ! En effet, Antonio, au lieu d’être une charge pour moi, me devint bientôt d’une grande utilité.

Son zèle et son activité me rendirent les plus grands services en m’aidant dans mes rudes travaux, tandis que, d’un autre côté, sa charmante gaieté et son heureux caractère animaient et charmaient mes heures de repos.

Du reste, ce que j’aimais encore dans Antonio plus que son zèle et sa gaieté, c’était la beauté de ses sentiments. Élevé par son père, aussi honnête homme qu’il était pauvre, dans l’amour de la vérité, Antonio eût préféré subir tous les malheurs plutôt que de se rendre coupable d’un mensonge. Il comprenait, quoiqu’il fût bien jeune encore, qu’il n’est point de bonheur véritable en dehors du devoir. Quelquefois, quand, après une pénible journée de fatigues, je me plaignais de ma pauvreté qui m’empêchait de récompenser par quelque cadeau sa courageuse résignation, Antonio m’embrassait en riant, puis me disait gaiment : « À quoi bon