Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/242

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livre, lorsque je me rendais à la ville. Posséder des livres était le seul désir, Le seul souhait que formait Antonio.

— À quoi bon, cher enfant, lui demandais-je parfois, lorsque je le voyais, à la fin d’une rude journée de travail, plongé dans ses lectures, à quoi bon vous fatiguer ainsi à apprendre des choses qui ne vous serviront jamais, puisque votre position ne vous permet pas d’espérer pouvoir rentrer plus tard dans le monde ?

— Qui sait, cher Andrès, quel est le sort que Dieu me destine ! me répondit-il ; je me trouve satisfait de ma position et ne demande point à en changer, mais enfin ne vaut-il pas mieux être instruit que de rester un ignorant ! On ne peut se débarrasser de son ignorance en un instant, le jour où celle vous devient nuisible, tandis que, d’un moment à l’autre, l’instruction que vous avez acquise peut vous rendre un service inespéré.

— Ma foi, vous avez raison, mon cher Anto-