Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/254

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gens sont tombés dans l’infortune. Ah ! si l’on savait combien les honneurs sont une chose vaine et fragile, on ne courrait pas si avidement après eux. Une conscience satisfaite, une heureuse médiocrité, une petite fortune bien assurée et de bons amis, voilà des éléments de bonheur bien supérieurs à ceux qui se trouvent dans la puissance. Mais assez de réflexions, revenons à la position dans laquelle je suis tombé et au service que j’attends de vous. Quelques mots me suffiront pour terminer ma triste histoire. Mes ennemis les plus acharnés, ceux-là mêmes qui m’avaient toujours accablé de louanges et de flatteries, profitèrent dernièrement de la mort de ma pauvre femme qui me tenait éloigné de la cour, pour me perdre dans l’esprit du roi. Ils inventèrent tant de méchancetés sur mon compte, noircirent ma conduite avec une telle perfidie que le roi ne tarda pas à voir en moi un affreux coupable, et que, passant d’une grande amitié à une haine furieuse, il ordonna de me faire arrêter. Dix mille francs de récom-