Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/282

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toire. Vous dire à présent ma joie folle, délirante, insensée, lorsque je serrai mon fils adoptif, mon noble et bien-aimé Antonio sain et sauf, contre mon cœur, me serait chose impossible. Il y a des bonheurs tellement grands que la plume ne peut les décrire.

— Andrès, me dit Antonio après m’avoir rendu mes caresses, profitons du trouble qui suit la bataille pour sauver le duc. Personne ne songe à lui à présent, et la fuite lui devient aisée.

En effet, l’officier occupé à faire garrotter les brigands, à relever ses blessés et, par-dessus tout, enivré par la victoire qu’il venait de remporter, ne songeait guère à nous, et nous nous éloignâmes sans qu’il s’’aperçût de notre absence.

C’était à peine si Antonio et moi connaissions le duc de Ségovie, puisque nous ne l’avions jamais vu avant cette mémorable nuit ; mais les dangers auxquels nous avions été exposés ensemble nous avaient donné pour lui une telle affection, que lorsque le lendemain il prit congé