Page:Duplessis - Les Peaux-rouges, 1864.djvu/99

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en poussant des cris, des sifflements et des hurlements épouvantables. Les bisons, épouvantés bien autrement par ces vociférations et par ces cris qu’ils ne l’eussent été par suite d’une attaque franche et silencieuse, ne tardent guère à prendre la fuite, poursuivis par les Indiens qui les dirigent perfidement vers quelque précipice. Arrivés à l’endroit fatal, les premiers bisons, se trouvant poussés par tout le troupeau qui est derrière eux, ne peuvent plus s’arrêter et roulent au fond de l’abîme. On a vu parfois une vingtaine d’Indiens détruire ainsi, en quelques heures, un troupeau de deux ou trois mille bisons.

— Mais pourquoi m’avez-vous fait monter sur cet arbre, Antoine ? demanda Pedro.

— Parce qu’ainsi que je viens de vous le dire, rien ne pouvant arrêter un troupeau de bisons dans sa fuite brutale et désordonnée, ils nous eussent peut-être foulés sous leurs pieds en passant par ici, répondit Antoine. C’est là un des plus grands dangers que puisse courir le