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Page:Dupont - Chants et Chansons, t. 1, 1855.djvu/13

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trines, la vie extérieure, la vie intime, les modes et les mœurs de la jeunesse sous le règne de Louis-Philippe ! L’esprit seul était surexcité, le cœur n’avait aucune part dans le mouvement, et la fameuse parole : Enrichissez-vous, légitime et vraie en tant qu’elle implique la moralité, la niait par ce fait seul qu’elle ne l’affirmait pas. La richesse peut être une garantie de savoir et de moralité, à la condition qu’elle soit bien acquise ; mais quand la richesse est montrée comme le seul but final de tous les efforts de l’individu, l’enthousiasme, la charité, la philosophie, et tout ce qui fait le patrimoine commun dans un système éclectique et propriétairiste, disparaît. L’histoire de la jeunesse, sous le règne de Louis-Philippe, est une histoire de lieux de débauche et de restaurants. Avec moins d’impudence, avec moins de prodigalités, avec plus de réserve, les filles entretenues obtinrent sous le règne de Louis-Philippe une gloire et une importance égales à celles qu’elles eurent sous l’Empire. De temps en temps retentissait dans l’air un grand vacarme de discours semblables à ceux du Portique, et les échos de la Maison-d’Or se mêlaient aux paradoxes innocents du Palais législatif.

Cependant quelques chants purs et frais commençaient à circuler dans des concerts et dans des sociétés particulières. C’était comme un rappel à l’ordre et une invitation de la nature ; et les esprits les plus corrompus les accueillaient comme un rafraîchissement, comme une oasis. Quelques pastorales (les Paysans) venaient de paraître, et déjà les pianos bourgeois les répétaient avec une joie étourdie.

Ici commence, d’une manière positive et décidée, la vie parisienne de Pierre Dupont ; mais il est utile de remonter plus haut, non seulement pour satisfaire une curiosité publique légitime, mais aussi pour montrer quelle admirable logique existe dans la genèse des faits matériels et des phénomènes moraux. Le public aime à se rendre compte de l’éducation des esprits auxquels il accorde sa confiance ; on dirait qu’il est poussé en ceci par un sentiment indomptable d’égalité. « Tu as touché notre cœur ! Il faut nous démontrer que tu n’es qu’un homme, et que les mêmes éléments de perfectionnement existent pour nous tous. » Au philosophe, an savant, au poète, à