Page:Dupont - Chants et Chansons, t. 1, 1855.djvu/20

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ce sublime mouvement de Proudhon, plein de tendresse et d’enthousiasme. Il entend fredonner la chanson Lyonnaise,

Allons, du courage,
Braves ouvriers !
Du cœur à l’ouvrage !
Soyons les premiers.


et il s’écrie :

« Allez donc au travail en chantant, race prédestinée, votre refrain est plus beau que celui de Rouget de Lisle[1]. »

Ce sera l’éternel honneur de Pierre Dupont d’avoir le premier enfoncé la porte. La hache à la main, il a coupé les chaînes du pont-levis de la forteresse ; maintenant la poésie populaire peut passer.

De grandes imprécations, des soupirs profonds d’espérance, des cris d’encouragement infini commencent à soulever les poitrines. Tout cela deviendra livre, poésie et chant, en dépit de toutes les résistances.

C’est une grande destinée que celle de la poésie ! Joyeuse ou lamentable, elle porte toujours en soi le divin caractère utopique. Elle contredit sans cesse le fait, à peine de ne plus être. Dans le cachot, elle se fait révolte ; à la fenêtre de l’hôpital, elle est ardente espérance de guérison ; dans la mansarde déchirée et malpropre, elle se pare comme une fée du luxe et de l’élégance ; non seulement elle constate, mais elle répare. Partout elle se fait négation de l’iniquité.

Va donc à l’avenir en chantant, poète providentiel, tes chants sont le décalque lumineux des espérances et des convictions populaires !


L’édition à laquelle cette notice est annexée contient, avec chaque chanson, la musique qui est presque toujours du poète lui-même, mélodies simples et d’un caractère libre et franc, mais qui deman-

  1. Avertissement aux propriétaires, 1842 (in-12, Garnier), page 97.