Page:Dupont - Les Deux Anges, 1844.djvu/224

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A M. P. LEBRUN. 55 LE VIEILLARD. L’enfant que vous pleurez, me dit-il, est le même Que j’entendis chanter sous les platanes ? J’aime Le son pur de sa voix, le tour simple et naïf Des vers qu’il modulait, et son regard pensif. Puis, ses yeux se tournant sur nos vertes poussées, Il sembla remonter un courant de pensées, Resta longtemps rêveur et dit en soupirant : Le chaume vert de mousse et le buis odorant, Les platanes vieillis dont l’écorce est nouvelle, Le murmure de l’eau, tout ici me rappelle Le temps où le roseau, sonore sous mes doigts , Révélait ma jeune âme aux échos de ce bois. A ces mots, je voyais sa paupière mouillée. Un soir, ajouta-t -il, caché par la feuillée, Un vieillard m’entendit, qui sourit à mes chants, Qui les encouragea par quelques mots touchants, Et, fort de ses conseils, j’osai changer de scène : Je portai mes chansons aux échos de la Seine.