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MON BIEN-AIMÉ


1849


Où t’en vas-tu, mon bien-aimé,
Pendant que je travaille et pleure,
Solitaire dans ma demeure
Comme un rossignol enfermé ?

Tu fuis la ville, ardente arène
Que se disputent les partis :
Tu cherches la claire fontaine
Où boivent les myosotis ;
Tu vas pleurer sur ta patrie
Et sur tes amis en prison,
Devant l’herbe de la prairie,
En face du grand horizon,
Tu vas pleurer sur ta patrie !

Où t’en vas-tu, mon bien-aimé,
Pendant que je travaille et pleure,
Solitaire dans ma demeure
Comme un rossignol enfermé ?

Je te suis sur toutes les pentes,
Dans les ravins, sur les hauts lieux
Où tu gîtes, où tu serpentes,
Cachant ton cœur à tous les yeux.
Que ne suis-je brin d’herbe ou rose
Dans les jardins où je te vois,
Ou le bel oiseau qui se pose
Pour te faire écouter sa voix :
Que ne suis-je brin d’herbe ou rose !

Où t’en vas-tu, mon bien-aimé,
Pendant que je travaille et pleure,
Solitaire dans ma demeure
Comme un rossignol enfermé ?

Je ne crains pas qu’une autre grâce
Prenne en ses lacs ton cœur troublé ;