Page:Dupont - Muse populaire. Chants et Poésies, 1875.djvu/50

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Solitaire dans ma demeure
Comme un rossignol enfermé ?


LE TISSERAND

 
Des deux pieds battant mon métier,
Je tisse, et ma navette passe,
Elle siffle, passe et repasse,
Et je crois entendre crier
Une hirondelle dans l’espace.
 
Au chanvre, quand j’étais petit,
J’allais casser les chènevottes.
Tantôt je dénichais un nid,
Tantôt déchirais mes culottes :
C’était le beau temps du plaisir.
Le ciel depuis en fut avare.
En septembre on faisait rouir
Le chanvre dans la grande mare.
 
Des deux pieds battant mon métier,
Je tisse, et ma navette passe,
Elle siffle, passe et repasse,
Et je crois entendre crier
Une hirondelle dans l’espace.
 
Le chanvre aime le plat pays,
Les oiseaux sous sa verte ombrelle
Vont becqueter le chènevis :
Il a fleur mâle et fleur femelle.
De l’une on tire le gros fil
Pour le cordage et la voilure ;
L’autre fournit le plus subtil,
Pour toile fine et pour guipure.
 
Des deux pieds battant mon métier,
Je tisse, et ma navette passe,
Elle siffle, passe et repasse,