Page:Dupré de Saint-Maur - Anthologie russe, 1823.djvu/65

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

(3)
lui le noble délassement de ses travaux ; son esprit flexible pouvait suffire à tout; cette heureuse alliance de deux genres d’application, qui semblent s’exclure, était assez commune chez les anciens : elle devient chaque jour plus rare chez les modernes.
Le goût de M. Dmitrieff pour la Poésie s’annonça de fort bonne heure. II fit paraître plusieurs de ses productions dans diverses feuilles périodiques, particulièrement dans le Journal de Moscou, années 1792 et 93. II s’est surtout distingué dans l’Apologue et dans le Conte. Imitateur de La Fontaine, il égale souvent son modèle dans sa naïveté, son naturel et le bonheur des expressions. Cet écrivain a parfaitement saisi l’esprit du Bonhomme, et, maîtrisant sa propre langue avec cette force victorieuse que donne le talent, il a su la faire plier aux tours et aux finesses de la nôtre. Un grand nombre de fables servent de témoignage à la difficulté vaincue, et à l’heureuse naturalisation du fabuliste français sous le ciel du Nord.
Depuis l’an 1795 jusqu’en 1818, cet illustre poète a fait paraître cinq éditions de ses œuvres. On publie, dans ce moment, la sixième avec des suppressions et corrections, aux frais de la société libre des amateurs de la littérature de Saint-Pé- I..