Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/106

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rôle, et contrarie le bien que le dieu bon veut faire à l’homme. C’est dans ce sens que l’on peut dire, avec Plutarque, que le dogme des deux principes a été consacré par des mystères et par des sacrifices, chez tous les peuples qui ont eu un système religieux organisé.

Les deux principes ne sont pas restés seuls et isolés. Ils ont eu chacun leurs génies familiers, leurs anges, leurs izeds, leurs dew, etc. Sous l’étendard de chacun d’eux, comme chefs, s’est rangée une foule d’esprits ou d’intelligences qui avaient de l’affinité avec leur nature, c’est-à-dire, avec le bien et la lumière, ou avec le mal et les ténèbres ; car la lumière a toujours été regardée comme appartenant à l’essence du bon principe, et comme la première Divinité bienfaisante, dont le Soleil était le principal agent. C’est à elle que nous devons la jouissance du spectacle brillant de l’Univers, que les ténèbres nous dérobent en plongeant la Nature dans une espèce de néant.

Au sein des ombres d’une nuit obscure et profonde, lorsque le Ciel est chargé d’épais nuages, quand tous les corps ont disparu à nos yeux, et que nous semblons habiter seuls avec nous-mêmes et avec l’ombre noire qui nous enveloppe, quelle est alors la mesure de notre existence ? Combien peu elle diffère d’un entier néant, surtout quand la mémoire et la pensée ne nous entourent pas de l’image des objets que nous avait montrés le jour ! Tout est mort pour nous, et nous-mêmes le sommes en