Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/122

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salité de son culte ne nous avertirait pas qu’un petit prince grec n’a jamais dû faire une aussi étonnante fortune dans le Monde religieux, et qu’une aussi haute destinée n’appartient point à un mortel, mais au dieu dont tout l’Univers éprouve les bienfaits, il suffirait de bien saisir l’ensemble de tous les rapports de ce double tableau, pour conclure avec la plus grande vraisemblance, que le héros du poème est le dieu qui mesure le temps, qui conduit l’année, qui règle les saisons et les mois, et qui distribue la lumière, la chaleur et la vie à toute la nature. C’est une histoire monstrueuse qui ne s’accorde avec aucune chronologie, et qui offre partout des contradictions quand on y cherche les aventures d’un homme ou d’un prince, c’est un poème vaste et ingénieux, quand on y voit le dieu qui féconde l’Univers. Tout y est mouvement, tout y est vie. Le Soleil du solstice y est représenté avec tous les attributs de la force qu’il a acquise à cette époque, et que contient en lui le dépositaire de la force universelle du Monde ; il est revêtu de la peau du lion et armé de la massue. Il s’élance fièrement dans la carrière qu’il est obligé de parcourir par l’ordre éternel de la nature. Ce n’est pas le signe du Lion qu’il parcourt, c’est un lion affreux qui ravage les campagnes, qu’il va combattre ; il l’attaque, il se mesure avec lui, il l’étouffe dans ses bras, et se pare des dépouilles de l’animal vaincu ; puis il s’achemine à une seconde victoire. L’hydre céleste est le second monstre qui présente un obstacle à la course du héros.