Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/123

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La poésie la représente comme un serpent à cent têtes, qui sans cesse renaissent de leurs blessures. Hercule les brûle de ses feux puissants. Les ravages que fait cet animal redoutable, l’effroi des habitants des campagnes voisines des marais qu’habite le monstre ; les horribles sifflements des cent têtes ; d’un autre côté, l’air d’abord assuré du vainqueur du lion de Némée, ensuite son embarras lorsqu’il voit renaître les têtes qu’il a coupées, tout y est peint à peu près comme Virgile nous a décrit la victoire de ce même héros sur le monstre Cacus. Tous les animaux célestes mis en scène dans ce poème y paraissent avec un caractère qui sort des bornes ordinaires de la Nature : les chevaux de Diomède dévorent les hommes ; les femmes s’élèvent au dessus de la timidité de leur sexe, et sont des héroïnes redoutables dans les combats ; les pommes y sont d’or ; la biche a des pieds d’airain ; le chien Cerbère est hérissé de serpents : tout, jusqu’à l’écrevisse, y est formidable ; car tout est grand dans la nature, comme dans les symboles sacrés qui en expriment les forces diverses.

On sent quel développement un poète a pu donner à toutes ces idées physiques et astronomiques, auxquelles durent s’en joindre d’autres, empruntées, soit de l’agriculture, soit de la géographie, soit de la politique et de la morale ; car tous ces buts particuliers entraient dans le système général des premiers poètes philosophes qui chantèrent les dieux, et qui introduisirent les hommes dans le sanctuaire