Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/124

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de la Nature, qui semblait leur avoir révélé ses mystères. Que de morceaux épisodiques perdus pour nous, et qui devaient se lier au sujet principal de chaque chant du poème, dans lequel le génie allégorique et poétique avait la liberté de tout oser et de tout feindre ! Car rien n’est impossible à la puissance des dieux : c’est à eux seuls qu’il appartient d’étonner les hommes par l’appareil magique de leur pouvoir. Quelle carrière pour le génie, que celle que lui ouvre la Nature elle-même, qui lui met sous les yeux ses plus brillants tableaux, pour être imités dans ses chants ! C’était bien là véritablement l’âge d’or de la Poésie, fille du Ciel et des dieux. Depuis ces temps antiques, elle est bien restée au-dessous de cette hauteur sublime qu’un essor hardi lui avait fait atteindre lorsqu’elle était soutenue de toutes les forces que le génie puise dans la contemplation de l’Univers ou du grand Dieu, dont les poètes furent les premiers oracles et les premiers prêtres. Quel vaste champ à nos conjectures sur l’antiquité du Monde et sur sa civilisation, quand on réfléchit que la position des cieux donnée par ces poèmes, où les constellations jouent un si grand rôle, ne nous permet pas d’en rapprocher de notre ère les auteurs, de plus de deux mille cinq cents ans ! Est-ce bien sur les débris du Monde, sorti à peine des eaux d’un déluge, que les arts du génie planaient aussi haut ?

Il est encore une conséquence que nous devons tirer de ce tableau comparatif, qui nous a prouvé qu’Hercule n’était point un mortel élevé au rang des