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CHANT II.

C’est dans ce moment où tous les sens du Géant sont comme enchaînés par l’harmonie, que Jupiter s’approche doucement de l’antre où sa foudre est cachée, et il s’en saisit à la faveur d’un nuage épais dont il couvre la grotte et Cadmus, pour dérober celui-ci à la vengeance du Géant. Cadmus se tait et disparaît de la vue de Typhon, qui, craignant d’avoir été trompé, court vers son antre chercher la foudre qu’il ne retrouve plus. C’est alors qu’il s’aperçoit, mais un peu tard, de l’artifice de Jupiter et de Cadmus. Il veut, dans sa rage, s’élancer vers l’Olympe. Les mouvements convulsifs de sa fureur font trembler tout l’Univers. Il ébranle les fondements des montagnes ; il agite, par de violentes secousses, les rivages ; il fait retentir d’un horrible fracas les échos des forêts et des cavernes, et il porte le ravage dans tous les pays voisins du lieu qu’il habite. Les Nymphes éplorées fuient au fond du lit de leurs fleuves desséchés, et se cachent dans les roseaux. Les bergers, glacés d’effroi, errent çà et là dans les champs, et jettent au loin leurs flûtes. Le laboureur abandonne ses bœufs au milieu des sillons ; les arbres déracinés couvrent de leurs débris les campagnes désolées.

Cependant Phaéton avait conduit son char fatigué aux rives du couchant, et la Nuit étendait ses sombres voiles sur la Terre et sur le Ciel. Les dieux étaient alors errants sur les bords du Nil, tandis que