Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/164

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la fable suppose que Cadmus se prépare à immoler ce dernier. Mais il manque d’eau pour son sacrifice ; il va pour en chercher à une fontaine qu’il trouve défendue par un énorme dragon, fils de Mars, ou du dieu qui préside au signe sur lequel est Cadmus. Ceci est une allusion manifeste au Dragon du pôle, placé au-dessus de Cadmus, qui monte avec lui, et qu’on appelle Dragon de Cadmus en astronomie ; c’est le dragon des Hespérides dans la fable où le Serpentaire est pris pour Hercule ; c’est Python dans la fable d’Apollon ; c’est celui que tue Jason dans la fable de Jason, que nous expliquerons bientôt.

Le monstre dévore plusieurs des compagnons de Cadmus. Minerve vient au secours du héros ; elle lui ordonne de tuer le dragon, dont il sèmera les dents, comme fait aussi Jason. Cadmus tue le dragon, et des dents qu’il a semées il en naît des Géants qui bientôt s’entretuent. On remarquera ici que, dans toutes les fictions solaires, destinées à peindre, sous une foule de noms différents, le triomphe du dieu du printemps sur le génie de l’hiver et des ténèbres, il y a toujours à cette époque une défaite du grand Dragon, ennemi du héros qui triomphe, et que c’est toujours par le Dragon du pôle ou par celui qui annonce tous les ans l’automne et l’hiver, que s’explique chacune de ces fables. Nous aurons occasion de rappeler cette observation dans notre explication de l’Apocalypse.