Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/227

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du chaos. On fait des libations aux dieux, puis on se livre au sommeil.

À peine les premiers rayons du jour avaient doré le sommet du mont Pélion, à peine le vent frais du matin agitait la surface des eaux, que Typhis, pilote du vaisseau, éveille l’équipage et le presse de se rembarquer : on obéit. Chacun prend le poste que le sort lui a marqué. Hercule est au milieu : le poids de son corps, en entrant, fait enfoncer plus profondément le vaisseau. On lève l’ancre, et Jason tourne encore ses regards vers sa patrie. Les rameurs manœuvrent en mesure au son de la lyre d’Orphée, qui soutient par ses chants leurs efforts. L’onde, blanche d’écume, murmure sous le tranchant de l’aviron et bouillonne sous la quille du vaisseau, qui laisse après lui de longs sillons. Jusqu’ici on ne voit qu’un départ décrit avec les circonstances qui ordinairement l’accompagnent, et qui dépendent de l’imagination du poète.

Cependant les dieux avaient ce jour-là les yeux attachés sur la mer et sur le vaisseau qui portait l’élite des héros de leur siècle, qui s’étaient associés aux travaux et à la gloire de Jason. Les Nymphes du Pélion, du haut de leurs montagnes, contemplaient avec étonnement le navire qu’avait construit la sage Minerve. Chiron, dont l’image est aux cieux près du Serpentaire Jason, descend au rivage, où se brise l’onde écumante qui vient mouiller ses pieds. Il encourage les navigateurs et fait des vœux pour leur heureux retour.