Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/228

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Cependant les Argonautes avaient dépassé le cap Tissée, et les côtes de Thessalie se perdaient derrière eux dans un obscur lointain. Le poète décrit les îles et les caps près desquels ils passent ou qu’ils découvrent jusqu’à ce qu’ils aient gagné l’île de Lemnos, où régnait la Pléiade Hypsipile. Il prend de là occasion de raconter la célebre aventure des Lemniades, qui avaient égorgé tous les hommes de leur île, à l’exception du vieux Thoas, qui fut épargné par Hypsipile, sa fille, laquelle devint reine de tout le pays. Forcées de cultiver elles-mêmes leurs champs et de se défendre par leurs propres armes, ces femmes se livraient à l’agriculture et aux pénibles travaux de la guerre : elles pouvaient repousser l’attaque de leurs voisins ; elles se tenaient surtout en garde contre les Thraces, dont elles redoutaient la vengeance.

Lorsqu’elles aperçurent le vaisseau Argo approcher de leur île, elles se précipitèrent hors de la ville vers le rivage, pour écarter par la force des armes ces étrangers, qu’elles prirent d’abord pour les Thraces : à leur tête marchait la fille de Thoas, couverte de l’armure de son père. Les Argonautes leur envoient un héraut, afin de les engager à les recevoir dans leur île. Elles délibèrent dans une assemblée convoquée par la reine. Celle-ci leur conseille d’envoyer à ces étrangers tous les secours en subsistances dont ils peuvent avoir besoin, mais de ne pas les recevoir dans leur ville. Polyxo, autre Pléiade, et dont le poète fait ici la nourrice d’Hypsi-