Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/249

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Médée rougit, et la pudeur l’empêche d’abord de répondre ; enfin elle rompt le silence, et, cédant à l’empire de l’amour qui la subjugue, elle lui témoigne ses inquiétudes sur le sort des fils de Phryxus, que leur aïeul Aëtès menace de faire périr avec ces étrangers. Elle lui fait part du songe qui semble présager ce malheur. Médée parlait ainsi pour sonder les dispositions de sa sœur, et pour voir si elle ne lui demanderait pas son appui pour son fils. Chalciopé effectivement s’ouvre à elle ; mais avant de lui confier son secret, elle lui fait jurer qu’elle le gardera fidèlement, et qu’elle fera tout ce qui dépendra d’elle pour la servir et protéger ses enfants. En disant ces mots, elle fond en larmes, et elle presse les genoux de Médée dans l’attitude de suppliante. Ici le poète nous fait le tableau de la douleur de ces deux princesses. Médée, élevant la voix, atteste tous les dieux qu’elle est disposée à faire tout ce que sa sœur exigera d’elle. Chalciopé alors se hasarde à lui parler de ces étrangers, et surtout de Jason, à qui ses enfants prennent un vif intérêt. Elle lui avoue qu’Argus, son fils, est venu l’engager à solliciter près d’elle des secours pour eux dans cette périlleuse entreprise. À ces mots la joie pénètre le cœur de Médée ; une modeste rougeur colore ses belles joues. Elle consent à faire pour eux tout ce que demandera une sœur à qui elle n’a rien à refuser, et qui lui a servi presque de mère. Elle lui recommande le plus profond secret. Elle lui annonce qu’elle fera porter dès le point du jour, dans le temple d’Hécate, les drogues néces-