Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/257

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proche, il enfonce en terre sa lance, pose son casque, et s’avance armé de son seul bouclier, pour chercher la trace des taureaux à la brûlante haleine. Ceux-ci s’élancent déjà de leur retraite obscure que couvre une épaisse fumée. Le feu sortait avec bruit et impétuosité de leurs larges naseaux. Cette vue effraie les Argonautes ; mais Jason, toujours intrépide, tient son bouclier en avant, et les attend de pied ferme, comme le rocher immobile qui présente ses flancs à la vague écumante. Les taureaux fougueux le heurtent avec leurs cornes sans pouvoir l’ébranler. L’air retentit de leurs affreux mugissements. La flamme qui se précipite en bouillonnant de leurs narines, ressemble à ces tourbillons de feu que vomit une fournaise embrasée, et qui successivement rentrent et ressortent avec une nouvelle impétuosité. L’activité de la flamme est bientôt émoussée par la force magique de la drogue dont le corps du héros est frotté. Jason, toujours invulnérable, saisit un des taureaux par la corne, et d’un bras nerveux il l’amène près du joug et l’atterre ; il en fait autant au second, et il les tient ainsi tous deux abattus.

Tel Thésée, ou le Soleil, sous un autre nom, défait aux champs de Marathon ce même Taureau placé ensuite aux cieux, et qui figure ici dans la fable de Jason ou de l’astre vainqueur des hivers, et qui triomphe du Taureau équinoxial. C’est le Taureau que subjugua aussi Mithra.

Aëtès reste interdit à la vue d’une victoire aussi inattendue. Déjà Jason, après avoir attelé les tau-