Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/260

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nautes restent surpris. Trois fois elle cria, trois fois Phrontis lui répondit. Les Argonautes rament vers le bord du fleuve, où déjà son amant s’est élancé pour la recevoir. Phrontis et Argus, les deux fils de Phryxus, y sautent aussi. Médée tombe à leurs genoux en leur criant : Amis, sauvez-moi, sauvez-vous vous-même : nous sommes perdus, tout est découvert. Embarquons-nous avant que le roi ait monté ses coursiers. Je vais vous livrer la toison après avoir assoupi le terrible dragon qui la garde. Et toi, Jason, souviens-toi des serments que tu m’as faits, et si je quitte ma patrie et mes parents, prends soin de ma réputation et de ma gloire. Tu me l’as promis, et les dieux en sont témoins.

Ainsi parlait Médée d’un ton de douleur : la joie au contraire pénétrait le cœur de Jason. Il la relève, l’embrasse et la rassure. Il atteste les dieux, Jupiter et Junon, garants des serments qu’il lui a faits, de la prendre pour épouse dès l’instant qu’il sera retourné dans sa patrie. En même temps il lui prend la main en signe d’union. Médée conseille aux Argonautes de faire avancer promptement leur vaisseau près du bois sacré, qui recèle la riche toison, afin de l’enlever à la faveur des ombres de la nuit et à l’insu d’Aëtès. On exécute ce qu’elle ordonne. Elle monte elle-même à bord du vaisseau, qui déjà s’éloigne de la rive. L’onde écume avec bruit sous le tranchant de la rame. Médée regarde encore la terre, vers laquelle elle étend les bras. Jason la console par ses discours, et relève son courage. C’était l’instant