Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/338

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second, celui par lequel l’homme, raisonnant et combinant des idées, arrive à la sagesse : c’est l’intelligence qui se trouve en lui, dans un degré beaucoup plus éminent que dans les autres animaux. Cette faculté de l’âme humaine s’appelle en grec, logos, qui se traduit en latin par ratio et verbum. Ce mot grec exprime deux idées distinctes, rendues par deux mots différents en latin et en français, par raison, par verbe ou parole. La seconde n’est que l’image de la première ; car la parole est le miroir de la pensée : c’est la pensée rendue sensible aux autres, et qui prend en quelque sorte un corps dans l’air modifié par les organes de la parole. Ces deux principes dans l’homme ne font pas deux êtres distingués de lui : on peut cependant en faire deux êtres distincts en les personnifiant ; mais c’est toujours l’homme vivant et pensant, dans l’unité duquel se confondent toutes ses facultés comme dans leur source. Il en fut de même dans l’Univers, dieu immense et unique, qui renfermait tout en lui. Sa vie ou son spiritus, ainsi que son intelligence ou son logos, éternel, immense comme lui, se confondaient dans son unité première ou radicale, appelée père, puisque c’était d’elle que ces deux facultés émanaient. On ne pouvait concevoir l’Univers-Dieu sans le concevoir vivant de la vie universelle, et intelligent d’une intelligence également universelle. La vie n’était pas l’intelligence, mais tous deux étaient la vie ou le spiritus, et l’intelligence ou la sagesse divine, qui appartenaient essentiellement à la divinité du Monde, et qui faisaient