Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/363

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haïs dans l’origine. Il a donc dit tout simplement ce qu’il avait ouï dire, d’après les témoignages des crédules Chrétiens, et rien de plus. Ce sont donc les Chrétiens encore ici, et non Tacite ni Suétone, qui sont nos garants. Je sais que l’on fera valoir la foi universelle des adorateurs de Christ, qui de siècle en siècle ont attesté son existence et ses miracles, comme ils ont attesté ceux de beaucoup de martyrs et de saints, aux miracles desquels cependant on ne croit plus. Mais j’ai déjà fait observer, à l’occasion d’Hercule, que la croyance de plusieurs générations en fait de religion, ne prouvait absolument rien que la crédulité de ceux qui y ajoutaient foi, et qu’Hercule n’en était pas moins le Soleil, quoi qu’en aient cru et dit les Grecs. Une grande erreur se propage encore plus aisément qu’une grande vérité, parce qu’il est plus aisé de croire qu’il ne l’est de raisonner, et que les hommes préfèrent le merveilleux des romans à la simplicité de l’Histoire. Si l’on adoptait cette règle de critique, on opposerait aux Chrétiens la ferme croyance que chaque peuple a eue et a encore aux miracles et aux oracles de sa religion pour en prouver la vérité, et je doute qu’ils admissent cette preuve. Nous en ferons donc autant quand il s’agira de la leur. Ils diront, je le sais, qu’eux seuls ont pour eux la vérité ; mais les autres en diront autant. Quel sera le juge ? Le bon sens, et non pas la foi ni l’opinion reçues, quelque générales qu’elle soient. Ce serait renverser tous les fondements de l’Histoire, dit-on, que de ne pas croire à l’existence de Christ et à la