Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/362

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trois premiers siècles et l’histoire des miracles du Christianisme, on rougira pour l’espèce humaine que l’imposture d’un côté et la crédulité de l’autre ont si étrangement déshonorée, et c’est sur de telles bases que l’on veut appuyer l’histoire et l’existence d’un dieu ou d’un homme divin, dont personne de sens ni aucun écrivain étranger à sa secte n’a parlé, dans le temps même où il devait étonner l’Univers par ses miracles. On est réduit à chercher, près de cent ans après, dans Tacite, l’étymologie du mot chrétien, pour prouver l’existence de Christ, on a interpolé, par une pieuse fraude, un passage dans Joseph. Si ce dernier auteur eût connu Christ, il n’eût pas manqué de s’étendre sur son histoire, surtout ayant à parler d’un homme qui avait joué un si grand rôle dans son pays. Quand on est obligé d’avoir recours à d’aussi pitoyables moyens, on fait assez connaître l’embarras où l’on est de persuader les hommes qui veulent se rendre compte de leur croyance. Tacite lui-même, s’il eût effectivement existé en Judée un homme qui eût marqué, soit comme grand législateur ou philosophe, soit comme insigne imposteur, se serait-il borné à dire simplement de Christ qu’il était mort en Judée ? Que de réflexions un homme extraordinaire ainsi mis à mort n’eût pas fournies à un écrivain philosophe tel que lui ! Il est de toute évidence que Tacite n’y attacha aucune importance, et que pour lui Christ n’était qu’un mot qui donnait l’étymologie du nom de Chrétiens, sectaires récemment connus à Rome, et assez décriés et