Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/373

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le plus effrayant que l’homme pût avoir de ses malheurs et de son délire. Je lui épargnerai cette humiliation ; je n’en tracerai qu’une esquisse légère, et je ne lui relèverai la honte de ses faiblesses qu’autant que le besoin de la question que je traite me forcera à lui mettre sous les yeux le miroir trop fidèle de sa stupide crédulité. Je m’attacherai donc à examiner les bases fondamentales de tout culte, sans m’appesantir sur les détails des pratiques absurdes et des cérémonies ridicules ou criminelles que souvent les religions ont commandées.

Les religions ont un triple objet : la Divinité, l’homme et l’ordre social : la Divinité, à qui l’on rend hommage ; l’homme qui en reçoit des secours, et la société, qu’on croit avoir besoin de ce lien. Examinons jusqu’à quel point ces trois bases de tout culte sont solides ; si Dieu, si l’homme et si la société ont besoin de ces institutions.

La Nature ou la force inconnue qui la meut, de quelque nom qu’on l’appelle, me paraît trop grande pour exiger que l’homme s’abaisse afin qu’elle devienne plus majestueuse, et trop riche pour avoir besoin de ses présents. Qu’il courbe respectueusement son front vers la Terre, ou qu’il porte sa tête et ses yeux vers le Ciel ; que ses mains soient jointes et élevées, ou ses genoux pliés ; qu’il chante ou qu’il médite en silence, qu’importe à la Divinité ? Qu’il soit homme de bien : voilà le seul hommage qu’elle attend de lui. Quel besoin a Dieu du sang des boucs et des taureaux ? Et en effet, que peut faire l’homme