Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/374

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pour celui qui fait tout ? Que peut-il donner à celui qui donne tout ? L’homme, dit-on, reconnaît par là sa dépendance. Quoi ! a-t-il besoin de ce signe extérieur pour être averti qu’il dépend tout entier de la Nature ? Est-il moins soumis à la force impérieuse qui domine tout, soit qu’il l’avoue, soit qu’il ne l’avoue pas ? Cet esclave peut-il donc échapper à son maître ? N’est-il pas évident que l’homme, qui a peint ses dieux sous les traits des mortels, qui leur a donné souvent ses inclinations et même ses vices, a cru qu’ils avaient aussi cet orgueil qui fait jouir le tyran de l’avilissement d’un sujet qu’il force de se traîner servilement à ses pieds ? On n’approche qu’en tremblant des despotes de l’Orient et de leurs ministres ; on n’est admis à leur cour que lorsqu’on y porte des présents. On a cru également ne pouvoir approcher des autels et des temples des dieux qu’avec des offrandes. L’homme a traité la Divinité comme on traite l’homme puissant, qui nous contraint de reconnaître sa supériorité sur nous, et qui exige des hommages, parce qu’il veut étouffer dans le cœur de ses semblables l’idée d’égalité qui l’humilie. Mais peut-on supposer dans la Divinité un tel sentiment et un pareil besoin ? Craint-elle des rivaux ? Au reste, si le culte, considéré comme hommage et comme un pur acte de reconnaissance, n’était que superflu, peut-être devrait-il subsister parmi les hommes toutes les fois qu’il se renfermerait dans l’expression simple de l’admiration et du respect profond qu’impriment en lui le tableau de l’Univers et le spectacle étonnant des effets