Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/376

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

On étendait successivement chaque victime sur une pierre aiguë ; un des prêtres lui tenait la gorge par le moyen d’un collier de bois qu’il lui passait ; quatre autres tenaient les pieds et les mains ; le sixième, armé d’un couteau fort large et fort tranchant, appuyait le bras gauche sur son estomac, et lui ouvrant le sein de la main droite, il en arrachait le cœur, qu’il présentait au Soleil pour lui offrir la première vapeur qui s’en exhalait. À Mexico, un seul sacrifice coûtait la vie quelquefois à vingt mille prisonniers.

Il y avait aussi une fête où les prêtres écorchaient plusieurs captifs, et de leurs peaux ils revêtaient autant de ministres subalternes, qui se répandaient dans tous les quartiers de la ville, en dansant et en chantant. On était obligé de leur faire quelque présent, et cette cérémonie affreuse était pour les prêtres une source de richesses.

Au Pérou, les Antis sacrifiaient à leurs dieux, avec beaucoup de solennité, ceux qu’ils jugeaient dignes de ce funeste honneur. Après avoir dépouillé la victime, ils la liaient étroitement à un poteau, et lui déchiquetaient le corps avec des cailloux tranchants ; ensuite ils lui coupaient des lambeaux de chair, le gras des jambes, des cuisses, des fesses, etc., que les hommes, les femmes, les enfants dévoraient avec avidité, après s’être teint le visage du sang qui découlait de ses plaies. Les femmes s’en frottaient le bout des mamelles, et donnaient ensuite à téter à leurs nourrissons. Les Antis nommaient sacrifices ces horribles boucheries.