Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/386

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tition, mais une fonction très-religieuse. Est-ce donc là encore la religion qu’il nous faut ?

Le jongleur des Canadiens, après avoir étalé ses médicaments, invoque le dieu du Ciel et de la Terre, les esprits de l’air et des enfers, puis il se met à danser de toutes ses forces, et applique ensuite son remède. Ceci tient, il est vrai, à la magie ; mais toute religion qui, par le moyen des prêtres, fait descendre du Ciel des secours sur la Terre, n’est-elle pas une branche de magie ? Qu’est-ce que le culte avec ses cérémonies et sa pompe, que de la jonglerie en grand ? Que ce soit un prêtre de Samothrace, un Bonze de la Chine, un magicien de Scandinavie qui vende du vent aux navigateurs, ou Calchas qui en promet aux Grecs, ne sont-ils pas tous des imposteurs qui promettent au nom des dieux, ce qu’il n’est pas en leur pouvoir de procurer ?

Les Virginiens ont leurs prêtres, à qui ils s’adressent pour obtenir les pluies nécessaires ; ils font retrouver les choses perdues. Ils ont l’art de rendre favorables les Divinités qui président aux vents et aux saisons.

Les Floridiens ont leur Jonas, qui demande au Soleil qu’il lui plaise de bénir les fruits de la Terre et de lui conserver sa fécondité. Ils ont des visions et une communication intime avec la Divinité. C’est le Jonas que le Paraousti consulte quand il veut former quelque entreprise militaire, et qui lui rend la réponse des dieux. La Grèce n’avait-elle pas aussi son oracle de Delphes, et les Juifs leurs prophètes, les