Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/396

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place. Cependant, c’est pour honorer la Divinité qu’on a créé cette providence de détails, sans s’inquiéter du rôle ridicule dont on l’a chargé. C’est Minerve qui ramasse le fouet d’un héros d’Homère. Ainsi Dieu se trouve être le confident de tous les vœux les plus extravagants, et le ministre de toutes les volontés, de toutes les passions des hommes : encore est-il souvent embarrassé de les contenter tous, car l’un demande souvent ce qui doit nécessairement nuire à l’autre.

Tel champ dont le sol est sec et aride, a besoin de pluies fréquentes ; elles seraient contraires au champ voisin : lequel des deux propriétaires le Ciel favorisera-t-il ? On rougirait d’être Dieu, en voyant le tableau bizarre que les divers peuples en ont fait, et les actions, les passions qu’on lui a prêtées.

Je sens que je deviendrais ridicule moi-même si je poussais plus loin ces réflexions sur l’absurdité du système qui met la Divinité pour ainsi dire aux ordres d’un mortel ; qui crée autant de dieux que l’homme a de passions et de besoins, jusqu’à imaginer le dieu Crepitus. Certes, ce serait alors l’homme, et non la Divinité, qui gouvernerait le Monde, puisqu’elle obéirait à l’homme. Cette idée ne doit être que montrée pour être saisie par l’homme de bon sens ; pour les autres, rien ne peut les soustraire à l’empire tyrannique des prêtres. Je ne parle, en ce moment, qu’à ceux qui sont convaincus, comme moi, que les prières et les vœux des mortels ne peuvent rien changer ni modifier dans la marche éternelle et