Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/397

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constante des lois de la Nature ; que tout est entraîné dans ce courant rapide que rien ne peut suspendre, et à la force duquel l’homme, bon gré, malgré, est contraint d’obéir, sans espoir que Dieu l’arrête pour lui. Je leur demande quel est, dans cette supposition, l’effet d’un culte qui tend à rendre le Ciel docile à la voix de l’homme et à faire descendre sur lui les secours de la cause universelle ou du Monde que j’appelle Dieu ? S’il est vrai, comme le dit Cicéron, que tout culte repose uniquement sur l’opinion où est l’homme que la Divinité s’occupe de lui, et qu’elle est disposée à venir à son secours dans les divers besoins de la vie, que deviendra le culte lui-même quand il restera prouvé par les réflexions les plus simples et par l’expérience, que les prières et les offrandes des mortels ne dérangeront jamais le cours de la Nature ; que les dons que l’on porte dans les temples, ne profitent qu’aux prêtres, et les prières adressées aux dieux, qu’à ceux que l’on paie et que l’on dote richement pour prier ? Je sais que je cherche ici à détruire une grande illusion ; mais pourquoi repaître toujours l’homme de chimères ? La vérité est-elle donc un si grand fardeau à porter ; sa lumière serait-elle plus affreuse que les ténèbres de l’erreur ? Cessons de nous abuser sur notre véritable position à l’égard de la Nature. C’est à elle à commander ; c’est à nous de subir ses lois. Sommes-nous malades, ce n’est point dans les temples, ni aux pieds des autels, ni dans les formules de prières composées par les prêtres, que nous devons chercher des secours ; c’est