Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/403

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de notre volonté, suivant qu’ils seraient conformes ou contraires au plan de législation que chaque législateur aurait conçu : d’où il est résulté que souvent la Divinité s’est trouvée chargée de punir des actions qui semblaient dictées par le bon sens, et n’être qu’une suite des lois de la Nature, ou de châtier ici ce qu’elle récompensait ailleurs ; car chaque législateur a rendu Dieu garant de ses dogmes, et vengeur né de l’infraction de ses lois, quelque absurdes et féroces qu’elles fussent. Robespierre eut aussi son Éternel, dont les autels étaient des échafauds, et dont les bourreaux étaient les prêtres. Il déclama aussi contre la philosophie dans ses derniers discours, et sentit le besoin de se rattacher à une religion. Pour consolider sa monstrueuse puissance, il fit déclarer l’âme immortelle et décréter l’existence de Dieu.

Moïse, Zoroastre, Numa, Minos, etc., tous ont donné des lois au nom de la Divinité ; et quelque dissemblables qu’elles fussent, Dieu partout en était l’auteur, et devait en être l’appui et le vengeur. Ainsi la religion est devenue véritablement un grand instrument politique que chaque législateur a fait servir à ses desseins. C’est ce qui a fait dire à plusieurs philosophes dont parle Cicéron, que tous les dogmes religieux avaient été imaginés par les anciens sages, pour conduire ceux que la raison seule ne pouvait contenir, c’est-à-dire, en d’autres termes, qu’on ne croirait pas pouvoir le bien conduire sans ce moyen factice ; autrement, parce qu’on était convaincu alors, comme aujourd’hui, qu’il faut une re-