Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/405

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fable de toutes les autres nations par sa stupide crédulité, parce que ce législateur a cherché, dès l’origine, à faire dépendre toute son organisation sociale des volontés de la Divinité qu’il a fait parler à son gré, parce qu’il a établi sa morale sur le prestige, sur des purifications légales, et qu’il a accoutumé le juif à tout croire ; de manière que Juif et homme crédule sont devenus des mots synonymes. La vérité est un bien auquel tous les hommes ont un égal droit par les lois de la Nature. La ravir à son semblable est un forfait qui ne peut trouver son excuse que dans la perversité du cœur de l’homme qui trompe. Si cette maxime est vraie entre particuliers, à combien plus forte raison doit-elle l’être pour les chefs des sociétés, chargés de jeter les fondements de la morale publique !

Établir comme principe de l’organisation sociale qu’il faut une religion, ou, ce qui revient au même, qu’il faut, sous ce nom, tromper le peuple par les fictions sacrées et par le merveilleux qui les accompagne toutes, afin de le mieux conduire, c’est autoriser l’imposture quand elle devient utile ; et je demande aux auteurs d’une pareille doctrine où ils comptent s’arrêter ; je leur demande également si, pour les chefs des sociétés, il y a une morale à part, puisée dans d’autres sources que celle des simples citoyens, et s’ils ne craignent pas d’avoir des imitateurs dans les contrats particuliers, quand le contrat public est infecté d’un pareil vice. On va loin avec de telles maximes. Aussi les rois s’étaient-ils accoutumés à avoir pour eux une morale qui n’était pas celle de