Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/411

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philosophie dont on lui a toujours dit de se défier. Il se persuade que les bases des vertus sont fausses, parce que celles sur lesquelles on les avait fait reposer l’étaient effectivement. Il n’a plus de mœurs dès qu’il n’a plus de religion quand il fait dépendre entièrement la morale de la religion, et il cesse d’avoir de la religion quand il cesse d’ajouter foi aux contes absurdes qu’on lui débite sous ce nom ; car il semble que l’absurdité et le merveilleux soient le caractère distinctif de toutes les religions, et qu’on pense qu’on ne puisse être probe sans être sot.

Quand cette révolution arrive dans les opinions du peuple, qui n’a jamais séparé la morale des dogmes auxquels il ne croit plus, quel déluge de maux inonde les sociétés, qui voient tout-à-coup se rompre ces liens antiques et usés par lesquels on avait voulu unir tout le système social ! Dans ce terrible passage, si le nouveau gouvernement n’a pas dans son action une grande moralité, si la bonne foi et la justice la plus sévère ne président pas à ses opérations, si les institutions publiques ne viennent pas étayer l’édifice nouveau, qu’il est à craindre qu’un peuple qui a vieilli sous des prêtres et sous des rois, ne change sa liberté en licence, et sa crédulité en une incrédulité universelle ; qu’il ne se démoralise tout-à-fait par la révolution même qui devait le régénérer, et qu’il ne s’éclaire sans devenir meilleur ! Et alors c’est encore le crime de ses rois et de ses prêtres, qui ont conspiré contre sa raison pour mieux se l’assujettir. Ce n’est point la faute de la philosophie qui vient lui rendre la lumière