Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/410

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tuaire, qu’il y écoute en silence la voix de la Divinité ; c’est là qu’elle rend ses oracles. Son plus bel autel est le cœur de l’homme de bien, et on ne l’est pas quand on trompe ses semblables.

Si la religion donnait les mœurs, les peuples chez qui elle est le plus en vigueur, les dévots seraient les plus gens de bien, et auraient le plus de moralité ; ce qui n’est pas, et cela parce que tout ce qui tient à l’illusion et au prestige ne peut qu’altérer le sentiment pur de la vertu, loin de le fortifier : l’imposture n’a pas le droit de prêter ses fausses couleurs aux dogmes sacrés de la morale naturelle. Celle-là seule a sa source au sein même de la raison éternelle qui régit le Monde, celle-là seule doit être écoutée et suivie ; tout ce que l’on peut y surajouter ne peut que la corrompre ; toute association à des maximes qui lui seraient étrangères, et tirées d’un ordre surnaturel, ne peut qu’en affaiblir les liens, par cela même qu’elles ne sont pas celles qu’avouent la Nature et la raison. Que je compte peu sur la probité de celui qui n’est homme de bien qu’autant qu’on le trompe, et qu’il croit à l’enfer ! Le peuple, à mesure qu’il s’instruit, et il s’instruit tôt ou tard, perd bientôt ces vertus factices, et, une fois le charme rompu, il est difficile de le ramener à ses devoirs quand on ne lui a pas fait apercevoir que les principes en étaient gravés en naissant dans son cœur, et quand on en a cherché la racine dans un Monde idéal auquel il ne croit plus. Il est en garde désormais contre l’imposture dont il reconnaît qu’il a été le jouet, même contre la