Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/423

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mécanique et de la magie, qui n’étaient que la connaissance secrète des effets de la Nature et l’art de les imiter, la pompe brillante des fêtes ; la variété et la richesse des décorations et des vêtements, la majesté du cérémonial, la force enchanteresse de la musique, les chœurs, les chants, les danses, le son bruyant des cymbales, destinés à exciter l’enthousiasme et le délire, plus favorables aux élans religieux que le calme de la raison, tout fut employé pour attirer et attacher le peuple à la célébration des mystères. Sous l’appât du plaisir, de la joie et des fêtes, on cacha souvent le dessein qu’on avait de donner d’utiles leçons, et on traita le peuple comme un enfant, que l’on n’instruit jamais mieux que lorsqu’on a l’air de ne songer qu’à l’amuser. C’est par de grandes institutions qu’on chercha à former la morale publique, et les nombreuses réunions parurent propres à atteindre ce but. Rien de plus pompeux que la procession des initiés, s’avançant vers le temple d’Éleusis. Toute la marche était remplie par des danses, par des chants sacrés, et marquée par l’expression d’une joie sainte. Un vaste temple les recevait : son enceinte était immense, si l’on en juge par le nombre des initiés rassemblés aux champs de Thriase lorsque Xerxès entra dans l’Attique : ils étaient plus de trente mille. Les ornements intérieurs qui le décoraient, et les tableaux mystérieux qui étaient disposés circulairement dans les pourtours du sanctuaire, étaient les plus propres à piquer la curiosité et à pénétrer l’âme d’un saint respect. Tout ce qu’on y voyait, tout ce