Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/425

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Dans l’antre du dieu Soleil, Mithra, parmi les tableaux mystérieux de l’initiation, on avait mis en représentation la descente des âmes vers la Terre, et leur retour vers le Ciel à travers les sept sphères planétaires. On y faisait aussi paraître les fantômes des puissances invisibles, qui les enchaînaient au corps ou qui les affranchissaient de ses liens. Plusieurs millions d’hommes étaient témoins de ces divers spectacles, sur lesquels il n’était pas permis de s’expliquer, et dont les poètes, les historiens et les orateurs nous ont donné quelque idée dans ce qu’ils débitent des aventures de Cérès et de sa fille. On y voyait le char de la déesse attelé de dragons ; il semblait planer sur la Terre et sur les Mers : c’était un véritable opéra religieux. On y amusa par la variété des scènes, par la pompe des décorations et par le jeu des machines. On imprima le respect par la gravité des acteurs et par la majesté du cérémonial ; on y excita tour à tour la crainte et l’espérance, la tristesse et la joie. Mais il en fut de cet opéra comme des nôtres ; il fut toujours de peu d’utilité pour les spectateurs, et tourna tout entier au profit des directeurs.

Les hiérophantes, en hommes profonds qui connaissaient bien le génie du peuple et l’art de le conduire, tirèrent parti de tout pour l’amener à leur but et pour accréditer leur spectacle. Ils voulurent que la nuit couvrît de ses voiles leurs mystères, comme ils les couvraient eux-mêmes sous le voile du secret. L’obscurité est favorable au prestige et à l’illusion ; ils en firent donc usage. Le cinquième jour de la cé-