Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/457

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fictions un frein au despotisme lui-même, qui les avait imaginées dans les premiers temps. Platon place dans le Tartare les tyrans féroces, tels qu’Ardiée de Pamphylie, qui avait massacré son père, vieillard respectable, un frère aîné, et qui s’était souillé d’une foule d’autres crimes. Les Chrétiens ont mieux traité Constantin, couvert de semblables forfaits, mais qui protégea leur secte. L’âme conservait, après la mort, toutes les flétrissures des crimes qu’elle avait commis, et c’était d’après ces taches que le grand-juge prononçait. Platon observe avec raison que les âmes les plus flétries étaient presque toujours celles des rois et de tous les dépositaires d’une grande puissance. Tantale, Tityus, Sisyphe, avaient été des rois sur la terre, et aux enfers ils étaient les premiers coupables, et ceux que l’on y punissait des plus affreux supplices. Mais les rois ne furent jamais dupes de ces fictions ; elles ne les ont pas empêchés de tyranniser les peuples, non plus que les papes d’être vicieux et les prêtres de tromper, quoique l’imposture et le mensonge dussent être punis aux enfers ; car les imposteurs, les parjures, les scélérats, les impies, etc. étaient bannis de l’Élysée. Virgile nous fait l’énumération des principaux forfaits dont la justice divine tirait vengeance dans le Tartare. Ici on voit un frère qu’une haine cruelle a armé contre son propre frère, un fils qui a maltraité son père, un patron qui a maltraité son client, un avare, un égoïste, et ces derniers forment le plus grand nombre. Plus loin l’on aperçoit un infâme adultère, un