Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/456

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manité par l’espoir des récompenses de l’Élysée, et d’écarter les crimes et les vices du sein des sociétés par la crainte des supplices du Tartare. On peut dire que c’est surtout chez eux qu’elle a dû produire de bons effets, quoique l’illusion n’en ait pas été durable, puisque du temps de Cicéron les vieilles femmes refusaient déjà d’y croire.

On excluait de l’Élysée tous ceux qui n’avaient pas cherché à étouffer une conspiration naissante, et qui, au contraire, l’avaient fomentée. Nos honnêtes gens, qui réclament sans cesse la religion de leurs pères, c’est-à-dire leurs anciens privilèges, et nos prêtres d’aujourd’hui en seraient exclus, eux qui se trouvent à la tête de toutes les conspirations tramées contre leur patrie, qui livrent au fer des ennemis du dehors et aux poignards de ceux du dedans leurs concitoyens, et qui se liguent avec toute l’Europe conjurée, contre le sol qui les a vus naître. Ce sont des crimes dans tous les pays : chez eux, ce sont des vertus que le grand-juge doit récompenser. On excluait aussi de l’Élysée tous les citoyens qui s’étaient laissé corrompre, qui avaient livré à l’ennemi une place, qui lui avaient fourni des vaisseaux, des agrès, de l’argent, etc. ; ceux qui avaient précipité leurs concitoyens dans la servitude, et qui leur avaient donné un maître. Ce dernier dogme était celui qu’avaient imaginé les États libres, et ne doit certainement pas sa naissance aux prêtres, qui ne veulent que des esclaves et des maîtres dans les sociétés.

La philosophie, dans la suite, chercha dans ces