Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/459

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place dans l’Élysée les braves défenseurs de la patrie, qui sont morts en combattant pour elle, ceux que nos prêtres d’aujourd’hui font égorger, tant ils ont perverti l’esprit des anciennes initiations. On y trouve à côté d’eux les inventeurs des arts, les auteurs des découvertes utiles, et en général tous ceux qui ont bien mérité des hommes et qui ont acquis des droits au souvenir et à la reconnaissance de leurs semblables. C’est pour fortifier cette idée qu’on imagina l’apothéose dont la flatterie ensuite abusa ; c’est pour cela qu’on enseignait dans les mystères, qu’Hercule, Bacchus et les Dioscures n’étaient que des hommes qui, par leurs vertus et leurs services, étaient arrivés au séjour de l’immortalité. Là, Scipion fut placé par la reconnaissance des Romains, et leurs descendants libres pourraient y placer aussi le Scipion des Français.

Comme poète, Virgile y donne une place distinguée à ceux qu’Apollon inspire, et qui en son nom rendent les oracles de la morale autant que ceux de la divination. Cicéron, en homme d’état qui aimait tendrement sa patrie, en assigne aussi une à ceux qui se seront signalés par leur patriotisme, par la sagesse avec laquelle ils auront gouverné les États, ou par le courage qu’ils auront développé en les sauvant ; aux amis de la justice, aux bons fils, aux bons parents et surtout aux bons citoyens. Le soin, dit l’orateur romain, qu’un citoyen prend du bonheur de sa patrie, rend facile à son âme son retour vers les dieux et vers le Ciel, sa véritable patrie. Voilà une institution et des dogmes bien propres à encourager