Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/460

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le patriotisme et tous les talents utiles à l’humanité. C’est l’homme qui sert bien la société que l’on récompense ici, et non pas le moine oisif qui s’en isole, et qui en devient le fardeau et la honte.

Dans l’Élysée de Platon, c’est la bienfaisance et la justice qui sont récompensées. On y voit le juste Aristide : il est du petit nombre de ceux qui, revêtus d’un grand pouvoir, n’en ont jamais abusé, et qui ont administré avec une scrupuleuse intégrité tous les emplois qui leur ont été confiés. La piété et surtout l’amour de la vérité et ses recherches y ont les droits les plus sûrs et les plus sacrés. Platon, néanmoins, a donné trop d’extension à cette idée, qu’on peut regarder comme le germe de tous les abus que la mysticité a introduits dans l’ancienne fiction sur l’Élysée. En effet, il y donne une place distinguée à celui qui y vit avec soi-même et qui ne s’immisce point dans les affaires publiques, mais qui, uniquement occupé d’épurer son âme des passions, ne soupire qu’après la connaissance de la vérité, s’affranchit des erreurs qui aveuglent les autres hommes, méprise les biens qu’ils estiment, et met toute son étude à former son âme aux vertus. Cette opinion que les Anciens eurent de la prééminence de la philosophie et du besoin que l’homme a d’épurer son âme pour contempler la vérité et pour entrer en commerce avec les dieux, est de beaucoup antérieure à Platon : elle fut empruntée de la mysticité orientale par Pythagore, et ensuite par Platon. C’est en abusant de cette doctrine, que les cerveaux faibles, sous pré-