Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/488

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C’est ainsi que tout s’est trouvé déplacé dans la morale, et que les ridicules et les actions les plus extravagantes ont usurpé la place des vertus réelles, tandis que les actions les plus innocentes ont été travesties en crimes ; et de là, quelle confusion dans les idées de bien et de mal moral ! Si celui qui donne naissance à un homme sans en obtenir la permission du prêtre, qui lui-même n’en demande à personne et ne prend conseil que du besoin, devient aussi coupable que celui qui le détruit par le fer ou le poison, l’amour et l’homicide sont donc également des crimes aux yeux de la nature, de la raison humaine et de la justice divine ? Si l’homme qui a mangé de la viande, ou même qui n’a pas jeûné le jour de Vénus qui précède la fête équinoxiale du Soleil du printemps, est condamné au Tartare pour y souffrir éternellement à côté de celui qui a percé le sein d’un père ou d’une mère, manger certains aliments en certains jours est donc un crime comme le parricide ? Car l’un et l’autre est un péché qui donne la mort à l’âme et qui mérite des supplices éternels. Ne sent-on pas que cette association bizarre de ridicules et de vertus, de jouissances que permet la Nature et de crimes qu’elle proscrit, tourne nécessairement au détriment de la morale, et le plus souvent expose l’homme religieux à prendre le change lorsqu’on lui présente confondues sous les mêmes couleurs des choses aussi distinctes dans leur nature ? C’est alors qu’on se forme une conscience fausse, qui conçoit des scrupules aussi grands pour l’infraction d’un