Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/501

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qu’ils soient ; qu’une des promesses de cette religion est que quiconque l’embrasse, quelque impie et quelque scélérat qu’il soit, peut espérer que ses crimes seront aussitôt oubliés. Dès ce moment Constantin se déclare le protecteur d’une secte qui traite aussi favorablement les grands coupables. C’était un scélérat qui cherchait à se faire illusion et à étouffer ses remords. Si l’on en croit quelques auteurs, il attendit la fin de sa vie pour se faire baptiser, afin de se ménager près du tombeau une ressource qui lavât toutes les taches d’une vie toute entière flétrie par le crime. Ainsi Éleusis fermait ses portes à Néron ; les Chrétiens l’auraient reçu dans leur sein s’il se fût déclaré pour eux. Ils revendiquent Tibère au nombre de leurs protecteurs, et il est étonnant que Néron ne l’ait pas été. Quelle affreuse religion que celle qui met au nombre de ses initiés les plus cruels tyrans, et qui les absout de leurs crimes ! Quoi ! si Néron eût été Chrétien, et s’il eût protégé l’Église, on en eût fait un saint ! Pourquoi non ? Constantin, aussi coupable que lui, en est bien un. On récitait son nom à Rome dans la célébration des mystères des Chrétiens au neuvième siècle. Il y a eu plusieurs églises de son nom en Angleterre. C’est ce même saint Constantin qui fit bâtir à Constantinople un lieu de prostitution, dans lequel on avait ménagé tous les moyens de jouissance pour les débauchés. Voilà les saints qu’honore la religion chrétienne quand le crime, revêtu de puissance, lui prête son appui : la raison et la Nature n’auraient jamais absous Néron, la religion