Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/89

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Terre : les masses y sont encore plus énormes, et les figures plus monstrueuses ; mais on y reconnaît toujours la matière mise en activité par le feu Éther, dont l’action est enchaînée dans un fluide plus grossier que l’air. Le vermisseau rampe ici dans le limon, tandis que le poisson fend la masse des eaux, à l’aide de nageoires, au-dessus de l’anguille tortueuse, qui développe ses replis vers la base du fluide. L’énorme baleine y présente une masse de matière vivante, qui n’a pas son égale parmi les habitants de la Terre et de l’Air, quoique les trois éléments aient chacun des animaux dont les formes offrent assez souvent des parallèles. On remarque dans tous un caractère commun : c’est l’instinct de l’amour qui les rapproche pour se reproduire, et un autre instinct moins doux qui les porte à se rechercher comme pâture, et qui tient aussi au besoin de perpétuer les transformations de la même matière sous mille formes, et à la faire revivre tour-à-tour dans les divers éléments qui servent d’habitations aux corps organisés. C’est là le Prothée d’Homère, suivant quelques allégoristes.

Rien de semblable ne s’offre aux regards de l’homme au-delà de la sphère élémentaire, qui est censée s’étendre jusqu’aux dernières couches de l’atmosphère, et même jusqu’à l’orbite de la Lune. Là, les corps prennent un autre caractère, celui de constance et de perpétuité, qui les distingue essentiellement de l’effet. La Terre recèle donc dans son sein fécond la cause ou les germes des êtres qu’elle en fait éclore ;