Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/95

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

olique destiné à représenter le Monde. Les Brachmanes de l’Inde exprimaient la même idée cosmogonique par une statue imitative du Monde, et qui réunissait les deux sexes. Le sexe mâle portait l’image du Soleil, centre du principe actif ; le sexe féminin celle de la Lune, qui fixe le commencement et les premières couches de la Nature passive, comme nous l’avons vu dans le passage d’Ocellus de Lucanie.

C’est de l’union réciproque des deux sexes du Monde ou de la Nature, cause universelle, que sont nées les fictions qui se trouvent à la tête de toutes les théogonies. Uranus épousa Ghé, ou le Ciel eut pour femme la Terre. Ce sont là les deux êtres physiques dont parle Sanchoniaton ou l’auteur de la théogonie des Phéniciens, lorsqu’il nous dit qu’Uranus et Ghé étaient deux époux qui donnèrent leur nom, l’un au Ciel, l’autre à la Terre, et du mariage desquels naquit le dieu du Temps ou Saturne. L’auteur de la théogonie des Crétois, des Atlantes, Hésiode, Apollodore, Proclus, tous ceux qui ont écrit la généalogie des dieux ou des causes, mettent en tête le Ciel et la Terre. Ce sont là les deux grandes causes d’où toutes choses sont sorties. Le nom de roi et de reine, que certaines théogonies leur donnent, tient au style allégorique de l’antiquité, et ne doit pas nous empêcher de reconnaître les deux premières causes de la Nature. Nous devons également voir dans leur mariage l’union de la cause active à la cause passive, qui était une de ces idées cosmogoniques que toutes les religions se sont étudiées à retracer. Nous retran-