Page:Dupuis - Abrégé de l’origine de tous les cultes, 1847.djvu/96

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cherons donc Uranus et Ghé du nombre des premiers princes qui ont régné sur l’Univers, et l’époque de leur règne sera effacée des fastes chronologiques. Il en sera de même du prince Saturne, du prince Jupiter, du prince Hélios ou Soleil, de la princesse Séléné ou Lune, etc. Le sort des pères décidera de celui de leurs enfants et de leurs neveux, c’est-à-dire, que les sous-divisions des deux grandes causes premières ne seront point d’une autre nature que les causes mêmes dont elles font partie.

À cette première division de l’Univers en cause active et en cause passive, s’en joint une seconde : c’est celle des principes, dont l’un est principe de lumière et de bien, l’autre principe de ténèbres et de mal. Ce dogme fait la base de toutes les théologies, comme l’a très-bien observé Plutarque. « Il ne faut pas croire, dit ce philosophe, que les principes de l’Univers soient des corps inanimés, comme l’ont pensé Démocrite et Épicure, ni qu’une matière sans qualité soit organisée et ordonnée par une seule raison ou providence, maîtresse de toutes choses, comme l’ont dit les Stoïciens ; car il n’est pas possible qu’un seul être bon ou mauvais soit la cause de tout, Dieu ne pouvant être la cause d’aucun mal.

L’harmonie de ce Monde est une combinaison des contraires, comme les cordes d’une lyre ou la corde d’un arc, qui se tend ou se détend. Jamais, a dit le poète Euripide, le bien n’est séparé du mal : il faut qu’il y ait un mélange de l’un et de l’autre.