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les parques

Laissent dans le ravin de leurs noires fissures
On ne sait quel frisson d’êtres vivants courir,
Et ce débris boueux qui fut la créature,
Touché par l’aiguillon brûlant de la Nature,
Au lieu de reposer, s’évertue à pourrir.



L’ébranlement fatal ainsi se perpétue,
Et nul ne peut savoir jusqu’où la Mort nous tue.
Tout notre sentiment s’est-il évanoui,
Ou plutôt la douleur s’est-elle morcelée
Sous le couvercle épais de la tombe scellée,
Et le ver famélique avec nous enfoui
Grève-t-il l’être humain d’un millier d’existences
Qui, l’armant d’un millier d’appétits plus intenses,
Lui réservent l’horreur d’un supplice inouï ?



Et l’évolution se déroulera-t-elle,
Remontant les degrés de la vie immortelle
Depuis l’obscur tourment de la putridité
Jusqu’à la passion consciente des hommes ?
Nous retrouverons-nous à la place où nous sommes ?