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les parques

Il semble que le corps dans sa gaine de glace
Voluptueusement anéanti, délasse
Ses muscles et ses nerfs si longtemps surmenés.
Est-ce l’allègement des forces suspendues,
L’émancipation des facultés perdues,
Le désabusement de l’erreur d’être nés ?



Non : ce pesant silence est lui-même un mensonge,
Ce sommeil décevant durera moins qu’un songe,
Ce tableau du néant n’est qu’une illusion.
Le corps n’est pas gisant depuis une journée
Que dans ses profondeurs la vie est ramenée :
Les ferments ont trahi leur sourde invasion ;
Le cadavre s’émeut, frappé par la lumière,
Et l’on voit s’altérer sa majesté première
Sous le labeur hideux d’une autre vision.



L’exhalaison putride en ces formes aimées
Met la dérision d’enflures innomées,
Et force impudemment la bouche à se rouvrir.
Les yeux, qu’ont fait saillir d’immondes bouffissures,