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les parques

Aux cœurs irrésolus l’abdication dure ?
La jeunesse a sans doute un merveilleux ressort
Qui mêle une allégresse aux peines qu’elle endure.
Mais la jeunesse passe, et le plus heureux sort
Court aux déceptions, aux dégoûts, dès qu’il dure.
Donc l’homme aimé des dieux succombe dans sa fleur.
Plus tard l’âme est sans joie et le corps sans chaleur :
Tout organe s’émousse avec son aptitude ;
On est pesant, on est tremblant, on est usé ;
On traîne avec effort son cadavre épuisé :
La mort n’anéantit que la décrépitude.



Craignez-vous l’inconnu qui succède au trépas ?
Le gouffre ténébreux du Styx n’existe pas,
Ni le mirage ardent de vos clairs Élysées.
Ce rêve de héros qui dorment étendus
Sous les lauriers en fleurs dans des plaines boisées
Est sorti du regret des fils qu’on a perdus,
Du deuil des unions que le sort a brisées.
Vos haines ont aussi besoin de l’au delà :
Vous avez fait l’Érèbe, et vous avez mis là
Votre instinct de vengeance et vos fers et vos flammes ;
Mais ces Phlégétons noirs, ces Ténares goulus